Lorsque nous parlons d’ambiance thermique, nous évoquons le microclimat (ensemble des conditions climatiques d'un espace homogène très restreint et isolé de son environnement général[1]) qui règne à un poste de travail donné. Celui-ci peut varier d’une zone du local à une autre et affecte le ressenti de l’opérateur. 

La sensation de confort ou d’inconfort thermique ressentie peut être influencée par de nombreux paramètres :

  • Le climat extérieur ;
  • La position et la géométrie du local ;
  • L’enveloppe du bâtiment ;
  • Le système de conditionnement thermique (chauffage, climatisation…) ;
  • Le système de ventilation ;
  • L’utilisateur lui-même, sur ses habitudes, ses conditions de vie, sa morphologie (taille, poids, sexe et âge) ainsi que sa tenue vestimentaire.

 

Pour avoir une bonne compréhension de l’ambiance thermique, il est donc indispensable d’étudier de manière approfondie l’environnement qui entoure l’individu mais également l’être humain lui-même.

Le confort hygrométrique (partie de la météorologie qui étudie la quantité de vapeur d'eau contenue dans l'air[2]) de l’usager dans les locaux repose sur plusieurs grandeurs physiques caractérisant l’environnement intérieur, elles caractérisent chacune un des facteurs de l’environnement indépendamment des autres. Elles sont souvent utilisées pour définir des indices de confort ou de contrainte thermique basés sur l’établissement rationnel du bilan thermique d’une personne placée dans une ambiance thermique donnée. Ces grandeurs, définies dans les normes « ISO 7726 : Ergonomie des ambiances thermiques », sont les suivantes : la température de l’air, la température moyenne de rayonnement, la vitesse de l’air et le taux d’humidité.

[1] Définition dictionnaire Larousse

[2] Définition dictionnaire Larousse

 

5 points à prendre en compte

  1. A partir de 26°C, l’individu connaît une baisse de dextérité et de productivité. A 30°C, il souffre d’une fatigue excessive.
  2. Le confort thermique au bureau dépend de la vitesse de l’air et de l’humidité ambiante.
  3. Un système de régulation de la température et de l’humidité de l’air est nécessaire. L’air trop sec peut avoir des effets nuisibles sur la santé, le bien-être et les performances. Le taux d’humidité relative recommandé se situe entre 30 % et 60 %.
  4. Les systèmes de ventilation sont nécessaires et doivent permettre une filtration efficace des polluants (particules, fumées…).
  5. Les bâtiments doivent être isolés afin de permettre une ambiance thermique stable quelles que soient les conditions climatiques et les activités effectuées par les employés dans les espaces de bureau.

 

Que signifie le confort thermique ?

L’Homme est homéotherme, c’est-à-dire qu’il dispose d’un système de thermorégulation lui permettant de garder sa température centrale constante, entre la production de chaleur de son organisme et les conditions thermiques du milieu ambiant. Les conditions thermiques de l’environnement dans lequel il évolue jouent un rôle important dans la régulation thermique du corps humain. Le confort thermique agit aussi bien sur le bien-être de la personne que sur sa productivité. L’ambiance thermique d’un espace est dépendante de l’aménagement de cet espace et des différentes sources de chaleurs qui préexistent dans cet espace.

Pour être en état de confort thermique, une personne doit porter une quantité raisonnable de vêtements sans avoir ni trop chaud ni trop froid. Ce confort peut être atteint uniquement lorsque la température, l’humidité et le mouvement de l’air se situent à l’intérieur des limites de ce qu’on appelle la « zone de confort ».

Les articles R 4223-13 et R 4223-14 du Code du Travail précisent que les constructions nouvelles, abritant des locaux affectés au travail, doivent permettre d’adapter la température à l’organisme humain pendant le travail, compte tenu des méthodes de travail et des contraintes physiques supportées par les travailleurs.

Qu’est-ce que le confort thermique au bureau ?

Au bureau, le confort thermique est influencé par des sources multiples comme les équipements (chauffage, ventilation, climatisation, éclairage), les fenêtres mal isolées, les machines (photocopieurs, ordinateurs, autres machines en fonctionnement). Les conditions d’isolation de l’espace influent sur le confort (ponts thermiques, courant d’air, différence de température entre les espaces de travail…). Si le mouvement de l’air est à peu près absent et l’humidité relative maintenue autour de 50 %, la température ambiante devient le facteur de confort thermique le plus critique. Malheureusement, les préférences de température varient beaucoup d’un individu à l’autre ; aucune ne peut tous les satisfaire. Le niveau d’activité, l’âge et la physiologie de chaque personne ont un effet sur les exigences de confort thermique de cet individu.

Malgré tout, il est exact d’affirmer qu’un bureau où il fait trop chaud rend ses occupants fatigués. De fortes températures sont souvent causes de fatigue, lassitude, irritabilité, maux de tête et baisse des performances, de la coordination et de la vivacité. D’un autre côté, un bureau où il fait trop froid détourne l’attention des salariés en les rendant agités et facilement distraits. La flexibilité, la dextérité et le jugement peuvent être altérés et ainsi provoquer des accidents. Les employés cherchent alors une façon de se réchauffer. 

Il est important, dans les bureaux, de maintenir des conditions de température stables. Un écart par rapport à la zone de confort, si petit soit-il, peut être une source de stress et affecter le rendement et à la sécurité. L’écart minime sera d’autant mieux perçu que l’employé n’a pas recours à une activité physique. C’est le cas sur un bureau lorsque l’on travaille devant son ordinateur. Les employés stressés sont moins tolérants face à des conditions inconfortables. 

Solutions et recommandations pour le confort thermique au bureau

On recommande généralement de maintenir la température entre 21 et 23°C. L’été, lorsque les températures extérieures sont plus élevées, il est recommandé de garder la température de l’air climatisé légèrement plus élevée, dans le but de minimiser l’écart entre l’intérieur et l’extérieur.

La norme X35-203 précise les « conditions de confort » :

 Température :

  •  dans les bureaux 20 à 22°C
  •  dans les ateliers avec faible activité physique 16 à 18°C
  •  dans les ateliers avec forte activité physique 14 à 16°C

 

 Vitesse de l’air : 

  •  < 0.15 m/s l’hiver
  •  < 0.25 m/s le reste de l’année

 Degré d’humidité : 30 à 70 %

Il existe notamment des abaques présentant des « zones de confort » pouvant satisfaire 80% d’usagers (figure I.6) et ceci pour deux types de vêture (tenue d’hiver et tenue d’été) et fonction de la température opérative et du taux d’humidité :

 

 

RE2020 et confort d'été

Le 1er juillet 2022, la nouvelle réglementation environnementale RE2020 s’est appliquée pour les bâtiments de bureaux. Un des principaux changements par rapport à la RT2012 est l’instauration d’un nouvel indicateur de confort estivale : les Degrés Heures (DH). Cet indicateur intègre la prise en compte des effets du changement climatique sur les bâtiments, notamment l’intensification des vagues de chaleur en France avec pour objectif de garantir un certain de niveau de confort thermique même en période de canicule. L’indicateur DH calcule le nombre d’heures d’inconfort dans les bâtiments, un seuil bas (350 DH) et un seuil haut (1250 DH) qu’il ne faudra pas dépasser sont fixés. A partir d’un dépassement du seuil bas un besoin de rafraîchissement sera ajouté dans le but de minimiser les consommations et maximiser le confort intérieur.

 

 

Il est à noter que pour parvenir à cet objectif, les solutions bioclimatiques permettant le rafraîchissement sont mieux prises en compte (brasseurs d’air, géocooling, surventilation nocturne…).

 

 

Des actions de prévention et de correction doivent…

  • Permettre au personnel travaillant dans des conditions « hors normes » de se réchauffer ou de se rafraîchir périodiquement, et dans ce cas de munir le personnel de moyens de protection adéquats ;
  • Réduire la sensation d’inconfort liée à la vitesse de l’air en supprimant les courants d’air et les ponts thermiques par une isolation efficace du bâtiment et une ventilation appropriée ;
  • Vérifier que la température des locaux n’est pas inférieure à la réglementation ;
  • Capter à la source et évacuer les émissions d’air chaud dues aux machines et équipements (ventiler les locaux des photocopieurs…) ;
  • Choisir des équipements réduisant l’émission thermique et proposer des moyens de chauffage adaptés à la surface, aux contraintes particulières de l’espace de travail ;
  • Proposer un système de climatisation, où la ventilation ne génère pas de courant d’air désagréable au bureau (éviter de positionner un bureau en dessous des grilles de ventilation. Un courant d’air entraîne un refroidissement local du corps non désiré et peut générer des douleurs et contracture musculaire) ;
  • Prendre en considération l’inertie thermique d’ensemble pour une régulation optimale (réguler les effets des périodes climatiques chaudes et froides).

Un bilan thermique est nécessaire pour évaluer la situation et sélectionner les actions pertinentes à mettre en place dans les bureaux. Des adresses d’organismes pouvant réaliser une analyse de l’air sont disponibles à l’adresse suivante :

http://www.franceenvironnement.com/air-analyse-et-controle.html

 

Quelles conséquences physiologiques ?

Ambiance chaude Ambiance froide
Déshydratation Vasoconstriction
Œdème de chaleur Urticaire
Crampe de chaleur TMS
Epuisement Risque cardio-vasculaire
Syncope Troubles respiratoires / articulaires / digestifs
Coup de chaleur hypothermie

 

Pour en savoir plus

Articles du code du travail :

- Décret n° 2008-1382 du 19 décembre 2008 (protection des travailleurs exposés à conditions climatiques particulières)

- Article R4534-142-1

- Article L4221-1

- Article R4222-1

- Article R4222-2

- Article R4223-7

- Article R4223-9

- Article R4223-13

- Article R4223-14

- Article R4223-15

- Article R4225-2

- Article R4452-13

- Article R4542-12

- Articles L4131-1 à L4131-4 relatifs aux droits d'alerte et de retrait

- Article R4213-7  

Normalisation :

- Norme X35-203 (mars 2006)

- Norme X35-208 (mars 2001)

- Norme X35-211 (mai 2002)

- Norme X35-216 (décembre 2004)

- Norme X35-210 (septembre 2001)

- Norme X35-208 (février 2008)

- ISO 15743:2008 (juillet 2008)

- ISO 7243:1989

Ambiances chaudes (détermination de l’indice de contrainte thermique WBGT) NF X 35-201. 
Ambiances thermiques (appareils et méthodes de mesure de l’environnement) NF X 35-202. 
Ambiances thermiques modérées (PMV-PPD) NF X 35-20 
Ambiances chaudes (détermination analytique de la contrainte thermique) NF X 35-204. · Baisse de la dextérité des salariés travaillant au froid. Aptel, M., INRS, ND 1614-128-87. · Le travail au froid. Araszkiewirz, G. 1999. Site Internet de l’AIMT 67

Bibliographie :

 Le travail en ambiance chaude. Mairiaux, Ph. & Malchaire, J. Collection de monographies de médecine du travail. Masson, 1990.

Travail à la chaleur et au froid. In Abrégé d’Ergonomie. Monod, H. & Kapitaniak, B. Masson 1999.

Ambiances thermiques. Vogt & Metz in Scherrer J. : Précis de Physiologie du Travail - Notions d’Ergonomie, Masson ed., 1981.