Quel est votre parcours ?

J’ai d’abord travaillé comme psychopédagogue avec des enfants déficients mentaux. J’ai ensuite repris mes études pour être professeur de gym, un métier que j’ai exercé pendant une dizaine d’années. Je me suis intéressé aux conditions de travail et j’ai découvert l’ergonomie. J’ai repris des cours du soir aux Arts et Métiers pour passer mon diplôme. Je me suis installé dans les années 90 dans le conseil tout en codirigeant une école de design. Ces diverses casquettes me servent au quotidien dans mon métier d’ergonome. Mon passé de psychopédagogue m’aide lors de médiation sociale et l’accompagnement au changement en entreprise. Mon passé technique et design permet d’aller vers une approche ergonomique liée à l’architecture en général.

Quelles entreprises font appel à vous ?

Nous avons des références très variées : salles de contrôle pour les trams, salles de commande pour les sous-marins, aménagement d’hôpitaux, de bâtiments thermaux, d’entreprises, etc. L’ergonomie qui s’intéresse à l’homme et au travail peut intervenir autant dans des projets urbains, d’aménagement d’espaces, de compensations de handicaps ou de risques. L’ergonomie est partout. Notre cabinet pense qu’il faut s’occuper à la fois de l’urbain, de l’aménagement et de l’humain car il y a une articulation entre tous.

Comment vos multi-casquettes influencent-elles votre métier ?

L’ergonome donne le point de vue dans l’usage de manière très transversale. Il peut-être un acteur dans de nombreuses disciplines. Mon parcours prône la pluridisciplinarité. Je suis d’ailleurs aussi président de CINOV Ergonomie, le syndicat des ergonomes. Il nous confronte à d’autres métiers comme des ingénieurs éclairagistes ou concepteurs de mobilier de bureau.

Qu’est ce que la CINOV ?

C’est une fédération qui regroupe 12 syndicats techniques, dont celui de l’Ergonomie. Auparavant, le nom était « Syndicat National des Cabinets conseil en Ergonomie ». Nous appartenions déjà à la fédération CICF, devenue CINOV pour ses 100 ans (Fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du Conseil, de l'Ingénierie et du Numérique).

Quelles sont vos principales actions au sein de ce syndicat ?

Actuellement, nous travaillons dans le cadre des lois d’accessibilité et d’adaptabilité des bâtiments en aidant à la rédaction des cahiers des charges pour les décrets d’application. Au code d’Urbanisme, nous allons apporter un regard transversal sur le code du Travail et de la Santé Publique. J’anime également une commission architecture pour que l’ergonome travaille sur tous types de projets avec l’architecte pour faire – une fois de plus – des équipes pluridisciplinaires sur les projets. Mon passage dans le design m’a sensibilisé à ce que les Américains appellent l’ingénierie concourante, qui consiste à engager simultanément tous les acteurs d'un projet, dès le début de celui-ci, dans la compréhension des objectifs recherchés et de l'ensemble des activités qui devront être réalisées. Ce n’est pas toujours simple mais nécessaire. Enfin, nous défendons le master d’Ergonomie pour que la discipline reste une matière en tant que telle et ne disparaisse pas. Notre métier exige des connaissances transdisciplinaires : humaines, gestion, techniques, organisation sociale, droit. Le pari est gagné !

Vous avez également votre propre entreprise d’ergonomie ?

Oui, Rainbow Ergonomie, qui a été créée en 1995 avec la particularité d’être complétée par une galerie d’art privée que je gère. Je me sers de l’art de la galerie dans les aménagements que j’ai à faire. Ce sont essentiellement des images subliminales, des sculptures de cristal à travers lesquelles jaillit la lumière. Je les prends en photos avant d’en habiller les cloisons et les murs.