L’accessibilité est un élément déterminant de l’intégration sociale et professionnelle des personnes handicapées. Elle est devenue une obligation nationale depuis 1975 et constitue depuis la loi du 11 février 2005, un objectif général de l’ensemble des politiques interministérielles. Depuis le 1er janvier 2007, les maîtres d’œuvre, les maîtres d’ouvrage et tous ceux qui entreprennent des travaux dans une entreprise sont tenus de respecter les règles d’accessibilité.

L’accessibilité des espaces de travail ne se limite pas au poste de travail à proprement parler. Les solutions mises en place au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie le confirment : elle concerne également les espaces de circulations intérieurs et extérieurs, les abords, les accès et les locaux annexes.

Comment faire pour aménager nos bureaux et permettre l’insertion professionnelle des personnes handicapées ? Comment prendre en compte les multiples situations d’handicap et adapter les espaces du bureau ? L’environnement physique des espaces de bureau peut empêcher certains individus de participer aux activités qui les intéressent avec les mêmes chances que la majorité.

 

Caractérisation du handicap

La CIF, Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé, publiée par l’OMS en Novembre 2001, décrit l’état de fonctionnement ou de handicap d’une personne comme « le résultat de l’interaction dynamique entre son problème de santé et les facteurs contextuels ». C’est pourquoi des environnements différents peuvent avoir un impact très variable sur une personne donnée présentant un problème de santé donné. Un environnement peuplé d’obstacles ou dépourvu de facilitateurs restreindra la performance, alors que d’autres environnements, pourvus de plus de facilitateurs, permettront d’améliorer la performance.

 

Facteurs environnementaux

Les facteurs environnementaux peuvent être soit des facilitateurs soit des obstacles :

Obstacles architecturaux Facilitateurs architecturaux
un escalier une rampe
un passage trop étroit un large passage
un sol glissant un revêtement plane non glissant
un creux ou un ressaut dans la voirie le biseautage des bordures
un guichet, un lavabo trop haut un guichet, sonnette, poignée de porte à 80 cm de haut
une sonnette, une poignée de porte inaccessible un transport adapté
information inadéquate des aides techniques

Que prendre en compte ?

Circulations horizontales

 

Cheminement praticable usuel

- conduire le plus directement possible sans discontinuité aux espaces ou installations ouvertes au public
- sols non meubles, non glissants, sans obstacle à la roue
- paliers de repos de longueur minimale 1,40 m nécessaires tous les 10 m dans les rampes entre 4% et 5%, devant toutes les portes
- porter attention aux grilles, fentes et trous qui sont des obstacles aux roues ou aux cannes
- aveugles doivent pouvoir détecter avec leur canne les différents obstacles. Pour les malvoyants, couleur contrastée par rapport à l’environnement immédiat
- ressauts sont arrondis ou chanfreinés avec espace minimal de 2,50 m
- devers ou profil en travers, s’il ne peut être évité est inférieur à 2%, largeur minimale des cheminements = 1,40 m (1,20 m s’il n’y a pas de mur de part et d’autre)

Portes

- + de 100 personnes > 1,40 m avec minimum de 0,80 m sur le vantail d’usage > 0,77 m sur le vantail de 0,80 m
- - de 100 personnes > 0,90 m > 0,83 m
- - de 30 m² > 0,80 m > 0,77 m

 

Circulations verticales

Ascenseurs

- portes coulissantes obligatoires
- commandes hauteur maximale de 1,30 m et précision d’arrêt de 2 cm au maximum
- Si plusieurs faces de service : dimensions minimales de 1 m (parallèlement à la porte) x 1,30 m (perpendiculairement à la porte) obligatoires face à chacune des portes.

Escaliers - intérieur ou extérieur, tout escalier non doublé par un ascenseur doit être doublé par une rampe
- largeur minimale de 1,20 m si aucun mur, 1,30 m si un mur d’un côté, 1,40 m si deux murs. largeur se mesure entre mains courantes lorsqu’il n’y a pas de murs, entre main courante et mur lorsqu’il n’y a qu’un mur
- hauteur maximale des marches est de 16 cm et largeur minimale du giron est de 28 cm
- nez de marches doivent être bien visibles
- sur un escalier balancé ou circulaire, le giron de marche se mesure dans une zone située entre 0,60 m du coté intérieur et 0,60 m du coté extérieur
Places de stationnement - un emplacement adapté par tranche de 50 places pour les parcs jusqu’à 500 places
- au-delà de 500 places, nombre de places fixé par arrêté municipal avec minimum 10 emplacements adaptés
- bande d’accès latérale doit avoir une largeur de 0,80 m sans que la largeur totale de l’emplacement soit inférieure à 3,30 m

Équipements des locaux

(poignées de portes, fentes des boîtes aux lettres, boutons et interrupteurs électriques, robinets, différents dispositifs de commande et de service)

- doivent être accessibles par tous à une hauteur maximale de 1,30 m et à une hauteur minimale de 0,40 m
- un espace libre et accessible, horizontal, de 0,80 m x 1,30 m doit être réservé devant ou à côté de ces aménagements
- écrans de lecture ou dispositifs d’information doivent être orientés convenablement pour en avoir une parfaite vision en sachant que la hauteur moyenne des yeux d’une personne en fauteuil roulant se situe entre 1,10 m/1,25 m
Sanitaires - chaque niveau accessible doit comporter au moins un W.C. aménagé pour les personnes en fauteuil roulant
- si W.C séparés par sexe : un W.C. accessible doit être aménagé par sexe
- espace d’accès latéral à la cuvette dimensions minimales 1, 30 m x 0,80 m
- hauteur de la cuvette, lunette éventuelle comprise, doit se situer entre 0,46 m et 0,50 m, la barre d’appui doit comporter une partie horizontale, située entre 0,70 m et 0,80 m de hauteur
- commande de chasse d’eau facile à manœuvrer par une personne ayant des problèmes de préhension
- un lavabo au moins doit être accessible ainsi que les divers aménagements tels que miroir, sèche-mains, distributeur de savon, etc. ...
Accueil du public

- emplacement aux dimensions minimales 1,30 m x 0,80 m prévu devant ou à coté de chaque table ou guichet
- possibilité de s’asseoir aux personnes ayant des difficultés de marche dans tous les lieux où le public est appelé à stationner
- prévoir l’installation de différents systèmes d’amplification et de transmission des sons pour tenir compte des différents handicaps auditifs. Les signaux sonores doivent être doublés par des signaux lumineux et inversement.

Aménagement postes de travail pour les handicapés moteur - prendre en compte la nature et les conséquences de leur handicap : hémiplégie, paraplégie, tétraplégie, myopathie, sclérose en plaques, poliomyélite, infirmité motrice d’origine cérébrale, …
- aides techniques les plus courantes :
téléphone mains libres, 
téléphone à grosses touches, 
porte copies électriques, 
commande à distance par ultra-son, 
commande buccale, 
commande ordinateur par le regard, 
grand clavier à cavités pour maintien du stylo de saisie, 
clavier virtuel, 
souris alternatives, 
contacteur, 
joysticks, 
bras robotique…

 

Aménagements

Aménagement des postes de travail pour les personnes malvoyantes et non-voyantes

Télé-agrandisseur avec loupe,
Les logiciels de grossissement de caractères,
L’analyseur d’écran,
Les différents raccourcis clavier selon les logiciels,
L’utilisation d’un modèle d’affichage masquant une partie de la fenêtre,
Des pointeurs de souris facilement repérables,
La personnalisation des barres d’outils,
La plage braille…

Aménagement des postes de travail pour les personnes sourdes ou malentendantes Un environnement adapté devra prendre en compte à la fois la lumière et l’acoustique, les informations visuelles et sonores car, pour la majorité des déficients auditifs, la redondance est nécessaire. Ils s’appuient sur les indices visuels et auditifs pour reconstituer le message

Selon les handicaps

Exemples de solutions générales pour l’adaptation d’un poste de travail

La limitation des efforts de manutention L’aménagement d’un véhicule de fonction pour un commercial handicapé physique L’achat de matériel spécifique pour les personnes déficientes auditives
La suppression du travail en hauteur L’achat de matériel spécifique pour les personnes déficientes visuelles Adapter l’éclairage du poste de travail
La mise à disposition d’un siège ergonomique ou d’un poste assis-debout L’achat de matériel spécifique pour les personnes déficientes auditives Adapter les niveaux sonores au poste de travai


Personnes sourdes / malentendantes

Outils bureautiques et/ou techniques déficience auditive (téléphonie adaptée…) Applicatifs qui transforment le langage écrit en langage des signes Boucles magnétiques (individuelles ou collectives)
Flashs, des vibreurs et des amplificateurs de sonnerie et de téléphone Adapter les niveaux sonores au poste de travail, le calme est essentiel

Remplacer son ouïe par d’autres sens notamment la vue :
Coupler les signaux sonores avec les signaux visuels

 

Personnes déficientes moteurs

Un coussin spécifique Fauteuils roulant à usage professionnel

Pour permettre un passage aisé, les couloirs doivent avoir une largeur de 1m10 minimum et les portes doivent avoir une largeur de 80cm minimum et être facile d’utilisation (position des poignées, poids ...). Le plus facile étant d’installer des portes automatiques commandées par télécommande.

Souris destinées à compenser bon nombre de problèmes de déplacement de la main dans le cas du travail bureautique (trackball, souris anti-tremblements, souris verticale).  



Pour les employés handicapés moteurs plus lourdement atteints, les outils de reconnaissance vocale constituent d’excellentes aides techniques. Elles permettent une navigation et une saisie identique à un employé valide. Là encore, il faut travailler avec l’utilisateur un ergonome ou un ergothérapeute pour trouver la réponse adaptées au handicap.

 


Un fauteuil et un bureau ergonomique réglable en hauteur 
Véhicules professionnels (aménagement, ou acquisition de véhicule adapté) 
Faciliter l’accès au placard de rangement et aux différents plans de travail, prise de courant, boite aux lettres etc. Pour pallier ce problème les meubles devront être à une hauteur adaptée. On adoptera plutôt des rangements entre 40cm et 130cm du sol.

 

Personnes déficientes visuelles

L’installation d’une alarme incendie visuelle dans un bureau dans le cas d’une personne non voyante ou mal voyante …  
 

Loupes et de télé-agrandisseurs permettant de consulter des documents papier Logiciels spécifiques de grossissement de caractère
Outils bureautiques et/ou techniques déficience visuelle (achat de logiciels braille, clavier braille, plage braille, télé agrandisseur, zoom texte, …)
 
La synthèse vocale Les machines à lire et les téléphones à grosses touches
Faciliter les déplacements par des guides visuels Limiter les écarts d’intensité lumineuse dans les espaces  

Conclusion

Tout ceci implique qu’il n’existe pas de solution préconstruite et directement applicable. Pour aménager au mieux le poste de travail d’une personne handicapée, il est important sinon obligatoire de connaître ses besoins en termes d’aménagements ainsi que ses déterminants physiques, psychiques, sociaux, etc... . Une personne à motricité réduite n’aura pas les mêmes besoins qu’une personne déficiente visuelle. L’aménagement d’un poste pour une personne handicapée se fait donc au cas par cas. Il faudra donc entamer une démarche conjointe avec la principale personne concernée par ces aménagements afin de trouver des solutions adaptées et convenables.

Sa participation apportera beaucoup pour la recherche de solution. Il est important également de travailler conjointement avec la médecine du travail, qui pourra distiller de précieux conseils pour trouver les solutions internes pour adapter au mieux le poste de travail. L’appel à un ergonome ou un ergothérapeute sera également nécessaire pour accorder le poste aux activités et tâches qui seront confiées à cette personne. Dans la majeure partie des cas, un reclassement de son activité de travail est à envisager dans la mesure où le handicap concerné impacte cette activité de travail. L’aménagement de poste de travail est un levier de performance qu’il ne faut pas négliger tant pour l’intégration que pour le maintien dans l’emploi d’un salarié. L’intégration sociale passe par un aménagement en adéquation avec le salarié afin d’accroître sa qualité de vie au bureau.