Le cohoming

Les avantages du coworking sans quitter son home sweet home ? C’est désormais possible grâce aux plateformes communautaires en ligne Cohome ou Hoffice. Ces sites proposent aux particuliers de louer leur salon à des travailleurs indépendants. Ils permettent la mise en relation d’hôtes ayant des espaces disponibles pour travailler et souhaitant les partager, et de visiteurs recherchant ce type d’espaces pour travailler. Une fois n’est pas coutume, le concept est né en Californie, sur le constat que l’on paye souvent un bien cher loyer pour finalement passer peu de temps chez soi, et que les free lance ont parfois du mal à trouver ou à payer un bureau hors de chez eux (en moyenne 350 € par mois). L’idée n’est pas de se faire un revenu complémentaire façon Airbnb, les prix sont doux : de 5 à 15 euros la journée. Ce type de coworking offre une plus grande flexibilité aux utilisateurs qui ne veulent pas payer un abonnement au mois. Bien sûr à ce tarif là, les travailleurs indépendants n’ont pas forcément le confort et l’équipement d’un « vrai » bureau, mais bien la convivialité d’un espace de coworking, où boire un café et créer du lien social de proximité pour faire émerger des opportunités professionnelles. Freelances, entrepreneurs, chômeurs ou étudiants peuvent proposer leur lieu de vie personnels pour y accueillir, pendant quelques heures, d’autres professionnels à la recherche d’un bureau, ou à l’inverse être reçus chez eux. 

L’engouement est réel. En janvier 2017, Cohome a même organisé la seconde édition du festival du Cohoming, à Paris, autour du thème « Booster son activité de freelance en 2017 ». Lorsque la fondatrice, Laura Choisy, a décidé de se lancer en freelance en 2015, elle est très vite confrontée à un sentiment de solitude et au prix élevé des espaces de coworking en Ile-de-France (350 euros par mois en moyenne).  En octobre 2016, elle lance Cohome, une plateforme qui met en relation des coworkers en quête d'un espace de travail et d'autres coworkers qui sont prêts à transformer leur logement en bureaux. Pour accueillir des coworkers, il suffit d'être freelance, de proposer du café et le wifi  ! Il n'y a pas de taille minimale pour accueillir des cohomeurs. Un système de notation permet de distinguer les meilleurs membres. Pour travailler chez les particuliers, les cohomeurs doivent débourser en moyenne 4 euros par jour. Sur chaque mise en contact, la plateforme prélève une commission de 1 euro. Une somme modeste qui prouve que le modèle s'appuie bien sur le principe de l'économie collaborative, à la manière de Blablacar ou du couchsurfing. Le cohomeur type est âgé de 25 à 35 ans et travaille dans le numérique. Environ 500 personnes utilisent déjà la plateforme chaque semaine, principalement en Ile- de-France mais aussi à Nantes, Strasbourg, Bordeaux ou encore Montpellier.

 

Cohome - Chez Emma

 

 

 

Cohome - Chez Fanny

 

Le corpoworking

De plus en plus de grandes entreprises proposent de louer leurs espaces inoccupés, dans le but de développer plus de transversalité en interne mais aussi de faire en sorte que ces lieux soient ouverts à des équipes externes. De fait, ce type d’ouverture s’applique aussi bien à des structures que l’entreprise connaît à force de collaboration, qu’à d’autres plus extérieures, afin de stimuler l’« open innovation », souvent bridée à cause des process lourd dans les grands groupes. On parle alors de corporate working ou de corpoworking (« mes locaux pour coworking, contre ton regard neuf »).

dPOP (People, Office and Places), un cabinet d’architectes d’intérieur basé à Détroit, invite des clients et des amis mais aussi de parfaits étrangers à venir travailler dans ses bureaux. L’idée du bureau ouvert a germé lors du Festival de Design de Détroit, alors que les clients et médias avaient besoin d’un « squat » pour une journée ou deux. Désormais, dPOP accueille chaque jour entre 5 à 30 visiteurs. MongoDB, un éditeur de bases de données, propose également des horaires d’ouverture au public à Dublin, Londres et Palo Alto. Google Monde bénéficie de bureaux communautaires à certaines heures dont peuvent disposer les petites entreprises et les entreprises à but non lucratif pour promouvoir leurs produits. En France, le phénomène en est encore à ses balbutiements, comme le démontre l'étude européenne sur le sujet réalisée par HR&D. La société Orange, avec la « Villa Bonne Nouvelle », semble être l’exemple le plus abouti du genre. 

Si beaucoup d’entreprises ont la capacité de créer ce type d’espace, toutes ne peuvent pas faire preuve de la même ouverture, selon les problématiques de confidentialité et de partage liés à la culture de l’entreprise. Nombre d’entreprises commencent par initier un projet en interne avec la volonté de l’ouvrir peu à peu à l’extérieur. Ce qui est recherché avant tout, c’est le brassage entre les différentes visions et les différentes manières de fonctionner.

 

 

 

Orange - Villa Bonne Nouvelle 

  

Le coliving

Si les espaces de coworking et la colocation ont le vent en poupe depuis plusieurs années, un nouveau concept tente d’allier les deux : le coliving. Il mélange, dans un même bâtiment, les logements et les bureaux en réduisant les espaces privés (parfois jusqu’à 12-13 m2) pour utiliser le maximum de surfaces en espaces partagés. 

Ce type d’organisation, pensé pour des communautés de jeunes trentenaires, présente des avantages environnementaux indéniables en termes de déplacements domicile-travail, et permet de disposer d’espaces et de mètres carrés supplémentaires en dehors des appartements (chambres d’amis, salles de jeux ou de réunion...). Ce mode de vie génère aussi des économies en limitant la sous-occupation d’appartements de grande taille, en optimisant l’usage du chauffage ou de l’éclairage, en mutualisant l’utilisation d’équipements ou de locaux que les habitants emploient peu. 

BNP Paribas a annoncé, en 2019, l’ouverture de ColivMe, une plateforme qui met en relation ceux qui recherchent des espaces de coliving et ceux qui en proposent. Un genre de Airbnb du coliving, en somme ! Les jeunes actifs ont de plus en plus de mal à se loger dans les grandes métropoles européennes et régionales, en raison du coût du logement et des justificatifs et garanties qu’il faut présenter. Aujourd’hui, on estime que 50 % des colocataires de Paris sont des salariés. C’est pourquoi le coliving a tout pour réussir !

 

  

 

Le microworking

Le microworking fait son entrée dans le champ lexical de la mobilité et du nomadisme. Il permet aux actifs de rentabiliser leur temps en utilisant des lieux non prévus à cet effet pour de courtes séances de travail. Le concept n’est pas récent : nous avons tous déjà travaillé, entre deux rendez-vous, dans un café, un hôtel ou une gare, dans le hall d’entrée ou la cafétéria d’une entreprise. Mais certains acteurs proposent aujourd’hui des offres et des produits contribuant à rendre ce moment plus confortable et plus productif. La SNCF a ainsi lancé, en 2016, Work and Station, des espaces de travail nomades gratuits, connectés et modulaires, qui permettent aux voyageurs de profiter de leur temps en gare pour travailler. Le microworking bénéficie aussi du succès des cabines téléphoniques/acoustiques, qui peuvent être installées à peu près partout (hall de gare, open space, aéroport, espace de coworking), et qui garantissent à l’usager confidentialité et tranquillité dans un espace ergonomique et équipé. Gageons que le microworking, en se structurant, finira par représenter une part significative de notre temps de travail, mais seulement si l’espace mis à disposition possède la connectivité, le confort et le mobilier adéquats.

 

 

 Work & Station de l'AREP/SNCF

 

De nouvelles formes de coworking ?

Le site OfficeRiders permet aux travailleurs indépendants de s'installer chez des particuliers mais aussi dans des lieux commerciaux dédiés à d'autres fonctions. Cette start-up française lancée à San Francisco propose à des professionnels de louer un espace inoccupé la journée, ou un lieu dédié à d'autres activités. Il s'agit souvent d'appartements, mais aussi de galeries d'art, de magasins... Les coworkers ont par exemple investi un showroom de meubles (Made) en plein cœur de Paris. Du recyclage d'espaces de travail, en d'autres termes. Cette approche du coworking est écologique, elle recyclage les espaces de travail et évite de construire des lieux supplémentaires. En Île-de-France, 1800 lieux sont déjà listés, au tarif variant de 10 à 12 euros la journée. 

 

 

 OfficeRiders chez Made