Par Jean-Marc Lelez, FCBA 

Obligation Tri 5 Flux

Dans le prolongement de la loi relative à la transition énergétique, le décret n° 2016-288 du 10 mars 2016 fait obligation aux producteurs et détenteurs de déchets (entreprises, commerces, administrations... de plus de 20 personnes) de trier à la source 5 flux de déchets : papier/carton, métal, plastique, verre, bois, afin de favoriser la valorisation de ces matières. Un point spécifique est porté aux déchets de papiers de bureau (imprimés papiers, livres, publications de presse, articles de papeterie façonnés, enveloppes et pochettes postales, papiers à usage graphique).

Les modalités

Les déchets sont entreposés et collectés soit séparément les uns des autres, soit tout ou en partie en mélange entre eux ; le prestataire en charge de la collecte doit remettre au producteur des déchets une attestation annuelle de collecte et valorisation. Cela nécessite la mise en place d’un plan d’action : dresser un état des lieux, identifier les filières et les prestataires, mettre en place le tri, faire un suivi. De précieux conseils de mise en œuvre sont disponibles sur le site de l'ADEME.

Les avantages

En agissant à la source, vous réduisez le coût complet de vos déchets qui comprend votre facture de gestion des déchets, le coût de gestion interne (temps passé, matériel...), le coût de génération (achat et de transformation des matières et emballages) qui deviennent des déchets. Sans compter qu’en cas de non-respect de la procédure, une astreinte journalière après mise en demeure et jusqu’à 150 000 € d’amende sont prévus !

L’ADEME rappelle également que le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Trier, c’est prendre conscience des quantités jetées par type de flux, remonter à la source de ses déchets pour comprendre leur origine et mettre en place des actions pour les réduire est encore plus bénéfique. Le coût complet des déchets représente plus de 14 fois la seule facture du prestataire déchet. Les actions d’efficacité matière constituent donc un gisement d’économies financières à exploiter. 49 entreprises témoins économisent ainsi 1,8 M€/an grâce à des actions simples sur les matières et les déchets. Découvrez les conseils pratiques dispensés par le FCBA

 

Conseils pour la gestion des déchets

Les déchets d’entreprises sont plus souvent associés aux déchets dangereux de l’industrie chimique qu’aux déchets de bureau. Pourtant, les activités de bureau produisent chaque année 2,4 millions de tonnes de déchets, dont une bonne partie peut être recyclée. Un salarié du tertiaire produit en moyenne chaque année 120 à 140 kg de déchets, dont 70 à 85 % de papiers et cartons. Le reste, ce sont soit des déchets dangereux (déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), ampoules basse consommation, tubes fluorescents, toners, piles…) soit des déchets non dangereux (fournitures de bureau, gobelets, mobilier…). Le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) n’a pas diminué la quantité de papier au bureau, comme on aurait pu s’y attendre. Le papier reste le premier consommable utilisé au bureau. 900 000 tonnes de papiers et carton sont jetés dans les bureaux et seulement 35 % sont recyclés !

Il existe trois règles d’or pour la gestion du papier : réduire, réutiliser, recycler

Réduire l’utilisation de papier, c’est éviter de tout imprimer, imprimer ou photocopier en recto-verso, imprimer deux pages par feuille, privilégier l’envoi d’information par mail ou la mise à disposition sur intranet, ou encore annuler les abonnements inutiles aux journaux, bulletins et revues.

Réutiliser le papier, c’est utiliser le coté vierge des papiers imprimés comme brouillon ou utiliser des enveloppes à utilisation multiple pour le courrier interne.

Recycler, c’est organiser la collecte du papier usagé (mettre à disposition des corbeilles dédiées), diffuser les consignes au personnel et au prestataire de nettoyage, et organiser l’élimination avec les services municipaux ou un prestataire spécialisé. Recycler, c’est aussi utiliser du papier recyclé. Si les journaux et les cartons d’emballage sont composés à 80 % de papiers recyclés, seul 5 % du papier ramette acheté est fabriqué à partir de papier recyclé. Le papier recyclé a longtemps souffert d’une mauvaise réputation (papier grisâtre, pelucheux, absorbant pour l’encre avec une abondance de poussière, ce qui favorisait le bourrage d’imprimante). Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et de leur côté, les fabricants de matériel d’impression garantissent que le papier recyclé peut être utilisé sans problème. Le papier recyclé est proposé en différents niveaux de blancheur, et choisir un papier recyclé peu désencré, donc plus ou moins grisâtre, est un moyen simple d’affirmer son engagement pour l’environnement. Enfin, il est possible d’identifier le papier ayant le moins d’impact sur l’environnement. Ils sont reconnaissables grâce aux labels suivants présents sur l’emballage :

 

 

 

Gobelets, équipements informatiques, ampoules...

La pause-café et les réunions produisent aussi pas mal de déchets : gobelets en plastique, dosettes café ou sucre, touillettes, etc. Dotez-vous d’une tasse en porcelaine, préférez la vaisselle réutilisable et utilisez une cafetière, un sucrier et des cuillères. Pour les fournitures de bureau, optez pour des articles permanents, pour des produits réutilisables ou durables (stylos rechargeables, porte-mines, crayons en bois…) et privilégiez l’achat de matériel en vrac limitant la production de déchets d’emballage. Pour le toner et les cartouches d’encre, optez pour les produits rechargeables. Sinon, pensez impérativement à les recycler en organisant la collecte et la reprise par des entreprises spécialisées. 

Fournitures de  bureau

Les équipements informatiques (ordinateurs, imprimantes, photocopieurs…) en fin de vie font partie des déchets d’équipement électriques et électroniques (DEEE). Ils contiennent souvent des substances dangereuses pour l’environnement et présentent un fort potentiel de recyclage des matériaux qui les composent. Ils doivent être collectés et recyclé dans une filière spécifique. Ils peuvent aussi être repris par le fournisseur lors de l’achat d’un nouveau matériel. Enfin, les équipements obsolètes mais en bon état peuvent aussi être donné à des associations ou au personnel.

Piles et ampoules

Enfin, d’autres déchets sont à traiter avec précaution. Les piles, accumulateurs, ampoules basse consommation ou tubes fluorescents sont des déchets dangereux dont une grande partie peut être récupérée et recyclée comme matière première. Ces déchets ne doivent pas être jetés dans les poubelles de bureau. Un système de collecte doit être envisagé afin de les envoyer dans la bonne filière.

Photos : poubelles Pick Up de Manade