Par Romain Brot, ingénieur Acoustique, Essais & Simulations IB&C, FCBA

Dans leur communiqué de presse de juillet 2021, l’ADEME et le Conseil National du Bruit dévoilent quant à eux les résultats de leur étude sur l'évaluation du coût social du bruit en France. Celui-ci, en nette augmentation depuis 2016, atteint désormais 147,1 milliards d’euros par an et correspond en premier lieu aux bruits des transports, puis aux bruits de voisinage, et enfin au bruit en milieu de travail estimé à 21 Mds /ans et répartit entre les milieux industriel et tertiaire, scolaire et hospitalier.

 

 

Points-clés

L’inconfort, la fatigue, le stress et certains troubles auditifs sont pour partie la conséquence d’un mauvais environnement sonore, notamment dans les espaces de bureau. Le problème est désormais de santé publique. Les entreprises sont maintenant tenues d’y prêter attention et de proposer à leur personnel des aménagements et des organisations du travail minimisant les expositions et les risques. Les normes disponibles apportent un regard quantitatif en matière d’acoustique et prennent en compte essentiellement les risques de perte de l’audition. Les textes normatifs nous renseignent davantage sur des « niveaux de performances » que sur des actions concrètes (aménagement, produits, matériaux…) à mener en lien avec ces « niveaux ». Or, les exigences se rapportant aux lieux de travail visent non seulement l’absence de risque pour la sécurité et la santé des travailleurs, mais aussi leur confort, leur efficacité et leur bien-être. La bonne application de la science des bruits, l’acoustique, est donc un des vecteurs garantissant une meilleure qualité de vie au bureau. 

Le constat :

L’inconfort, le stress, la fatigue, sont pour partie la conséquence d’un mauvais environnement sonore car le bruit sollicite en permanence notre organe de l’audition sans que nous nous en rendions compte ; 

Le bruit au bureau résulte d’une élévation du niveau sonore ambiant par la multiplication des équipements et du nombre de personnes présentes dans le même espace (ordinateur, photocopieur, bruit de clavier, porte qui claque, discussions…) ; 

Le bruit gêne la bonne compréhension des échanges verbaux, diminue l’efficacité de nos activités cérébrales, la performance, perturbe notre concentration et nous fatigue ; 

Les solutions concernent :

  1. Le comportement individuel de chacun pour limiter le bruit notamment en open space ;
  2. L’aménagement des espaces : cloison phonique, meuble et paroi absorbant le bruit ;
  3. L’insonorisation intérieure des locaux : isoler toutes les faces de vos locaux (sols, plafonds, murs) ;
  4. L’isolation phonique à la construction ;
  5. L’utilisation d’un masquage sonore ;
  6. Le respect des normes AFNOR pour la conception et l’évaluation des ambiances sonores des espaces de travail (notamment les « niveaux de performances » en lien avec les types d’activité).

 

Qu'est-ce que le bruit ?

Le bruit, en acoustique, est avant tout un conglomérat de plusieurs sons qui nous arrive à l’oreille en même temps. Il permet la transformation et la transmission d’informations sonores. Il se caractérise alors par un niveau sonore qui se mesure en dB (décibel). En acoustique, il est donc employé dans ce sens contrairement à son usage quotidien au travail, à la maison, dehors, etc. où nous le tournons en négatif : « il y a trop de bruit, cela me gêne » « avec ce brouhaha je n’arrive pas à me concentrer ».

Les effets indésirables du bruit peuvent être classés en 5 catégories :

  • L’affaiblissement de l’ouïe,
  • La réaction non souhaitée du système nerveux central et autonome, 
  • L’entrave à la communication verbale ou autre, 
  • La diminution des performances et des fonctions cognitives, 
  • La gêne.

 

L’exposition à un bruit trop intense peut générer, au niveau du système auditif, trois types d’effets, qui à long terme peuvent être néfastes :

  • Une hausse temporaire du seuil auditif : fatigue auditive. Elle est proportionnelle à l’intensité du bruit et de la durée d’exposition,
  • Une hausse irréversible du seuil auditif qui peut survenir par une exposition (même brève) à un niveau sonore très élevé ou une exposition répétée et prolongée à un bruit de niveau sonore supérieur à 80 dB. 
  • Les acouphènes : bruits générés par un système auditif en mauvais état.

 

Plus la tâche effectuée est difficile et complexe, plus les effets indésirables du bruit, tels que la diminution des performances, la gêne et les réactions du système nerveux, risquent de se manifester. Ces effets se manifestent sous la forme d’une baisse des facultés mémorielles, c’est-à-dire de la mémoire à court terme. Or la rétention et l’acquisition des informations est très importante lorsque les tâches à effectuer requièrent une attention et une concentration continues, notamment dans les processus techniques complexes. 

Afin d’orienter la caractérisation des « niveaux de performances » lors de la conception ou l’aménagement d’espace de travail, il convient d’être au point sur l’espace dont dispose les salariés pour travailler. Dès lors, un travail sur les matériaux et les revêtements existants est nécessaire. 

 

Le bruit au bureau, ce n’est donc pas simple à traiter 

Les bureaux sont des environnements de travail dits « capacitants » car recèlent d’individus ayant des expériences et des savoirs différents. Dans ce type d’environnement, les échanges vont « bon train » et renvoient, pour la majorité, à des informations servant à notre activité de bureau. Savoir canaliser ces échanges, les comprendre et les mettre en lien avec l’activité d’un espace de bureau, permet de le transformer et d’en améliorer sa qualité de vie. La tendance actuelle évolue de plus en plus vers des aménagements toujours plus ouverts de l’espace (cas des open space). Il en résulte une élévation du niveau sonore ambiant (ordinateur, photocopieur, bruit de clavier, porte qui claque, discussions intempestives…). Cette élévation du niveau sonore conduit à produire des efforts plus élevés d’audition pour entendre vos collègues et de concentration pour réaliser sa tâche. Nous rentrons alors dans un processus générant fatigue et stress.

Même si les effets du bruit émanant des activités de bureau n’ont, à priori, pas d’incidence physique immédiate et irrémédiable sur l’ouïe, les sons de moyenne pression acoustique (40 à 60 dB) tels que le bruit au bureau :

  • Gêne la bonne compréhension des échanges verbaux,
  • Diminue l’efficacité de nos activités cérébrales (notamment la mémoire à court terme): baisse du niveau de performance,
  • Perturbe notre concentration.

La pollution sonore au bureau existe bel et bien. Elle est aujourd’hui reconnue comme influençant de près ou de loin les employés de bureau.

 

 

 

Caractérisation des niveaux sonores selon leur source d’origine

 

Niveau de bruit au bureau

Il faut garder présent en mémoire le fait que le niveau sonore d’un bureau informatisé se situe entre 30 et 45 dB. C’est-à-dire une échelle de bruit qui va du jardin très silencieux au fond sonore dans un restaurant calme. A quelques dB de là, commence l’inconfort qui peut être d’autant plus marqué que des critères subjectifs entrent en jeu. En effet, en observant ce milieu de travail, les scientifiques sont arrivés à la conclusion que si la personne dérangée possède des dispositions négatives envers le fauteur de bruit, elle se sentira davantage gênée que s’il s’agissait de bruit causé par des collaborateurs qui lui sont sympathiques. Toute la difficulté réside en cela pour agir de manière efficace contre le bruit. Une sensibilisation à un « savoir vivre acoustique » permet d’agir sur les critères subjectifs. Chacun est responsable d’un son dans un bruit. Autrement dit, plus les individus vont prendre des dispositions pour parler moins fort ou dans les endroits prévus, moins le bruit sera gênant, et donc la fatigue résiduelle moins présente.

Il y a donc une nécessité de faire comprendre à chacun que tout ce qui dépasse de manière impromptue le niveau sonore au poste de travail risque de perturber le travail engagé de l’opérateur. Or ces conditions sont particulièrement sujettes à changement. Dans un bureau individuel avec un niveau sonore ambiant inférieur à 30 dB le seul fait de faire démarrer un PC va augmenter le bruit de 10 dB dans un premier temps, pour atteindre 46 dB lorsque l’utilisateur accédera au disque dur. Si le PC est maintenu en fonctionnement, le bureau va passer de la position optimale au niveau défavorable. Le fait d’abaisser ce niveau par des améliorations dans les revêtements, mais aussi en diminuant le bruit de la ventilation, peut rendre plus compréhensibles les conversations des personnes travaillant dans le voisinage immédiat.

Bonnes pratiques

En matière de protections et action contre le bruit de nombreuses solutions voient le jour aujourd’hui. Ces solutions sont notamment efficaces lors de la rénovation ou de la construction de nouveaux locaux, si elles sont pensées voire imaginées dès les phases amont du projet. Toutefois des principes généraux et des règles de bonnes conduites peuvent participer à l’amélioration de l’ambiance sonore au bureau. 

 

Les aménagements nécessaires pour diminuer le bruit au bureau 

 

L’une des meilleures solutions contre le bruit est d’anticiper le phénomène lors de la construction des bâtiments en prenant en compte ces problèmes en amont de la conception et en sensibilisant chaque acteur aux gênes pouvant être occasionnées par le bruit en entreprise. Les constructions contemporaines bénéficient de nouvelles technologies et normes qui sont bien plus exigeantes que pour les bâtiments anciens.

 

Isoler le local des nuisances sonores des autres espaces (intérieurs et extérieurs)

Cette étape consiste à dimensionner ou renforcer chacune des parois du local de manière à s’assurer que les transmissions des bruits seront correctement atténuées. On parle ici d’ici d’isolement acoustique.

Ainsi, si le local est exposé à une voie de transports bruyante (route, train, …), les fenêtres feront l’objet d’une étude particulière de manière à maitriser la transmission des bruits extérieurs vers l’intérieur du local.

A l’intérieur du bâtiment, si le local est contigu à un autre espace bruyant (salle de restauration, local technique, …), les parois qui séparent ces deux espaces devront être adaptées en fonction du niveau d’agression acoustique.

 

Acoustique interne du local 

Le local a un rôle fondamental dans l’exposition au bruit des travailleurs. Il augmente par réverbération le niveau sonore provenant des équipements et affecte tout l’espace de travail. Les multiples réflexions du bruit sur les parois du local s’ajoutent au bruit transmis directement au travailleur. La qualification de la performance acoustique des locaux repose essentiellement sur sa capacité d’absorption du bruit : c’est ce que l’on appelle la correction acoustique. Il est possible, de convenir de travaux d’amélioration pour diminuer la propagation du bruit et augmenter son absorption :

  • Dans les bureaux ouverts par exemple, on procèdera en premier lieu à la pose d’un plafond absorbant qui représente en général la surface homogène exposée la plus importante; il convient qu’il soit aussi absorbant que possible.
  • Bien que la proportion des surfaces murales soit faible par comparaison au plafond, leur traitement à l’aide d’absorbeurs muraux permet souvent d’apporter une réponse pertinente à la limitation des réflexions entre postes de travail et des échos flottants.
  • Enfin, si certains revêtements de sols textiles (moquettes) peuvent présenter des performances d’absorption acoustiques, celles-ci seront plus limitées. L’intérêt de la pose d’un revêtement de sol souple (PVC ou textile) réside surtout sur ses qualités relatives à la sonorité à la marche. Il permettra en effet d’atténuer les bruits de pas directement à leur source et contribuera ainsi à minimiser le niveau sonore dans la pièce.

 

Aménagement du bureau : actions des managers et des RH

  • Regrouper les postes de travail en coopération / éloigner les équipes ou services différents,
  • Séparer les espaces de travail des espaces supports (pause/détente, réunion, …),
  • Optimiser et délimiter visuellement les zones de déplacement, les services différents, …

L’utilisation d’éléments mobiliers acoustiques absorbants (cloisonnettes, écrans sur pieds ou suspendus, armoires avec rideau absorbant, …) peut constituer une solution adaptée à ces besoins de délimitation voire séparation d’espaces et de postes de travail entre eux, tout en permettant de réduire selon les cas le besoin de disposer d’autres surfaces absorbantes.

 

 

   

Essais d’absorption sur cloisonnettes et écrans acoustiques – Laboratoire acoustique FCBA (www.fcba.fr

 

 

Les règles de bonne conduite : comportement intra-entreprise

Nous parlions de « savoir vivre acoustique » au-dessus, car certains comportements humains sont à revoir pour diminuer le bruit en entreprise. Les espaces ouverts ou open-space seront gagnants dans la mise en place d’un code de savoir-être sur le lieu de travail. Nous pouvons d’ores et déjà militer pour les mesures suivantes :

  • Parler à voix basse, 
  • Mettre son téléphone mobile personnel sur vibreur, 
  • Diminuer les comportements bruyants tel que claquer la porte, fermer violemment le bac de la photocopieuse, tapoter son stylo contre le plateau du bureau etc.
  • Discuter de ses péripéties personnelles dans un espace détente ou hors de l’espace de travail,
  • Favoriser les salles dotées de moyens de communications pour les réunions téléphoniques.

 

 

Les cabines acoustiques

Dans les espaces de bureaux ouverts, les occupants peuvent facilement se laisser distraire par les conversations environnantes, rendant ainsi complexe la concentration nécessaire à des tâches indépendantes. 

Par ailleurs, les communications ou conversations nécessitant un certain niveau de confidentialité sont difficiles à obtenir dans un bureau occupé et impose de se déplacer vers un endroit qui fournit une meilleure isolation acoustique vis-à-vis des autres espaces.

La mise en place de cabines acoustiques peut permettre de pallier à ces problématiques. Allant de la cabine téléphonique 1 place à la salle de réunion pour plusieurs personnes, ces éléments présentent l’avantage de pouvoir être rapidement assemblés, déplacés et démontés directement sur site.

 

 

Essais d’atténuation de la parole sur cabines acoustiques – Laboratoire acoustique FCBA (www.fcba.fr

 

 

L’utilisation d’un masquage sonore 

Dans les bureaux paysagers, on entend les conversations de chacun. Cela déconcentre et perturbe le travail et on est tenté d’élever la voix. Le bruit appelle le bruit. Le masquage sonore consiste à diffuser un bruit dit "blanc" à faible niveau (39 à 45 dB) constitué de fréquences totalement aléatoires qui après une période d’écoute d’environ une semaine vont être oubliées par notre cerveau, car elles ne véhiculent pas d’informations sonores significatives. On va l’oublier : un masquage réussi doit être neutre et doux pour procurer un confort maximum. Certains rapports de clients spécifient que la première semaine, les employés prêtent vaguement attention au système de masquage, le qualifiant de bruit de vague ou de mer. Le système prend en compte lors de la calibration la réponse acoustique du local à traiter et génère un masque sonore dont le spectre intègre la réponse du local. Le système est dynamique, et s’ajuste automatiquement en niveau en fonction du bruit généré par l’activité humaine, afin de rester efficace tout en étant le plus discret possible. Le masquage de sons existe depuis les années 70 en Amérique du Nord avec les premiers open spaces. Aux Etats Unis et au Canada, près de 20 % des bureaux sont déjà équipés. Il commence à s’implanter en Europe. Le principe du masquage sonore est de rendre les bruits ambiants moins perceptibles à l’oreille. Le masquage sonore n’est pas une solution unique. Il ne fonctionne que si les espaces ont une acoustique passive conforme, et un niveau de bruit ambiant admissible. (< 45 dB ou mieux hors activité). 

 

 

En France, la norme NF ISO 22955 sur la « Qualité acoustique des espaces de bureaux ouverts » indique dans son annexe F que « l’utilisation de systèmes de masquage sonore dans les bureaux ouverts est controversée, et les attitudes à l’encontre de cette technologie diffèrent grandement. Pour certaines personnes, il existe une attente de l’intégration de la technologie dans tous les immeubles de bureaux neufs ; d’autres l’ont trouvé contre-productive et l’ont désactivée. La controverse tourne autour de l’efficacité potentielle du masquage sonore sans devenir gênant lui-même, en raison du niveau sonore ou de tout élément qui attire l’attention. »

 

Les E.P.I. : Équipements de Protection Individuels

Les EPI sont principalement utilisés dans des environnements de travail très bruyants, comme les pistes d’aéroports, les porte-avions, les usines à machineries bruyantes. Mais aussi mis à disposition dans les concerts. Ces EPI favorisent une protection ponctuelle et renouvelable à faible coût. Cependant, malgré de forts progrès, ils restent d’une efficacité limitée et donc décriés par certains professionnels de la santé / sécurité au travail. En effet, la protection demeure incomplète en cas d’exposition à un niveau sonore supérieur à 110 – 120 dB. Il existe aujourd’hui des EPI, notamment casque anti-bruit, qui filtrent les sons d’une fréquence donnée afin d’entendre ce qui doit être dit et d’autres qui peuvent être moulés à l’oreille (bouchons) de l’opérateur pour s’y adapter.

Normes & règles

Longtemps considéré comme une conséquence inévitable de l’industrialisation, le bruit fait aujourd’hui l’objet d’une réglementation qui vise à protéger les travailleurs contre les risques liés à une exposition prolongée. Il est en outre reconnu comme cause de maladies professionnelles depuis 1963 (tableau n°42 du régime général). La réglementation applicable en la matière telle qu’elle résulte notamment de l’introduction des articles R. 231-125 à R. 231-135, par le décret n° 2006-892 du 19 juillet 2006, dans le code du travail, s’articule autour de deux axes principaux agissant, le plus en amont possible, sur l’environnement de travail. En ce sens, les textes visent d’une part à limiter le bruit émis par les machines (article R. 233-84 du code du travail et annexe I visée par cet article) et favorisent le traitement acoustique des locaux de travail dès leur conception (article R. 235-2-11 du code du travail, fixant les obligations des maîtres d’ouvrage) ; d’autre part, les textes visent à évaluer les risques qui subsistent et assurer efficacement la protection des travailleurs exposés au bruit (articles R. 231-125 à R. 231-135 du code du travail). Les normes et les réglementations apportent une aide à la rédaction des cahiers des charges, à la conception, à la réalisation et à la réception des ouvrages qui satisferont les exigences minimales de sécurité et de confort pour les travailleurs.

 

La norme AFNOR NF X35–102

Pour éviter les effets indésirables du bruit, il convient que le niveau acoustique nominal sur le lieu de travail soit aussi bas que possible afin de permettre l’exécution des tâches prévues : 

Dans les locaux de bureaux, le niveau acoustique continu équivalent ne doit pas dépasser 55 dB(A). 

Dans les locaux où l’activité principale consiste en communication verbales, le niveau acoustique continu équivalent (hors communications) ne doit pas dépasser 50 dB(A). 

Si dans un bureau collectif, les postes de travail doivent être séparés, il est nécessaire de prévoir des cloisons isolantes modulables. Les émissions sonores artificielles destinées à masquer les autres sources de bruit doivent être évitées. L’isolement acoustique entre bureaux doit être au minimum de 40 dB(A) en bruit rose (norme NF S31–057, annulée et remplacée par la norme NF EN ISO 10052). La durée de réverbération de (250 Hz à 4000 Hz) doit être comprise entre 0.3 seconde et 0,8 seconde. Le bruit émis par chacun des équipements (imprimante, photocopieuse…) mesurée à 1 m, ne doit pas dépasser 40 dB(A).

 

La norme AFNOR NF S31-080

Jusqu’en 2006, il n’y avait pas de référence normative française en matière de confort et d’ambiance acoustique dans les espaces de travail. L’ambition de cette norme est donc de permettre la prise en compte de la qualité acoustique dans l’exercice des différentes disciplines et professions impliquées dans le projet de bureau. La norme s’applique aux locaux neufs, aux rénovations et aux changements d’affectation des espaces. Elle s’applique aux différents types d’espaces que l’on trouve dans les immeubles de bureaux mais ne permet pas de qualifier l’immeuble dans son ensemble. Les espaces traités sont les suivants : bureau individuel, bureau collectif, espace ouvert, plateau à aménager, salle de réunion / formation, espace de détente, restaurant, circulation. Cette norme s’applique en particulier aux interventions des clients finaux, maîtres d’ouvrage, prescripteurs, corps d’état et promoteurs. La présente norme s’applique aux locaux neufs, aux rénovations et aux changements d’affectation des espaces. 

 

La norme AFNOR NF S31-199

Après 9 ans de gestation, la norme volontaire NF S 31-199 de l’AFNOR sur la « Performance acoustique des espaces ouverts de bureaux » a été publiée en mars 2016. Le principal objectif de la norme est de réduire le bruit et d’encadrer la qualité sonore des espaces partagés pour améliorer le bien-être au travail. Ainsi, la norme S 31-199 vise à guider la conception, la réalisation et l’aménagement d’espaces ouverts de travail. Une première mondiale ! Tous les types d’espaces de travail ouverts étaient pour le moment régis par la même norme NF S 31-080 de 2006 (voir ci-dessus), alors que les besoins et les activités de ces espaces sont loin d’être similaires. La norme S 31-199 a été créée pour optimiser l’environnement acoustique des espaces partagés, notamment en limitant l’exposition au bruit et la réduction de la propagation des sons. Le but est de créer des open spaces intelligents, pour une adaptation de l’espace aux activités qui s’y déroulent, favorisant l’intelligibilité et la discrétion. En fixant des objectifs pour chaque espace, la norme améliore le confort des occupants et fixe les valeurs cibles ou exigées de descripteurs acoustiques qui permettent de distinguer ce qui relève de la communication utile et de la nuisance sonore. Chaque problématique acoustique est analysée selon les points de vue du poste de travail, de l’équipe et de l’ensemble du département afin de maximiser le bien-être et la performance des utilisateurs. Quatre types d’espaces de travail ont été identifiés pour couvrir la totalité des bureaux ouverts. Ces espaces ont été définis à partir du type d’activité qui s’y déroule :

  1. Les activités par téléphone : bruit moyen entre 48 et 52 dB
  2. Les activités basées sur un travail collaboratif : bruit moyen entre 45 et 50 dB
  3. Les activités basées sur un travail faiblement collaboratif : bruit moyen entre 40 et 45 dB
  4. Les activités pouvant comporter des prestations d’accueil du public : bruit moyen inférieur à 55 dB

 

En plus de ce travail d’analyse et de recommandations, la norme propose une méthodologie, un mode opératoire et des actions concrètes à mener. Elle fournit plusieurs supports d’accompagnement pour la réalisation d’enquêtes auprès des employés et l’application de règles de vie collective en open space.

Cette norme désormais annulée a été remplacée par la norme NF ISO 22955.

 

La norme NF ISO 22955

Dans la lignée de la norme NF S 31-199 abordée ci-dessus, cette nouvelle norme traite de la « Qualité acoustique des espaces de bureaux ouverts ». Elle vise également à guider la conception, la réalisation et l’aménagement des espaces de travail en bureau ouvert en fournissant des recommandations techniques pour atteindre une bonne acoustique des espaces de bureaux ouverts.

Elle différencie désormais 6 types d’espaces en fonctions de leurs activités :

  1. Plateau libre (activité encore inconnue)
  2. Activité principalement concentré sur la communication avec l’extérieur (téléphone/audio/vidéo)
  3. Activité principalement basée sur un travail collaboratif entre postes de travail voisins.
  4. Activité basée sur travail faiblement collaboratif
  5. Activité qui peut impliquer l’accueil du public
  6. Plusieurs activités au sein du même espace